Tokyo: L’histoire de Mission Arm Japan et Exiii

Natsuko, fondatrice de Mission Arm Japan

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Il y a quelques années, Natsuko, une femme japonaise, a été diagnostiquée d’un cancer des os. Son médecin lui propose alors deux possibilités : mourir dans un mois ou se faire amputer du bras jusqu’à l’épaule. C’est lors de cette période difficile qu’elle fait la rencontre d’une autre femme, elle aussi victime de cette maladie. Cette dernière jouera un rôle déterminant dans le choix de l’amputation. En 2013, les deux femmes créent Mission Arm Japan, une association dédiée à l’information pour les personnes concernées par les problématiques du membre supérieur (agénésie, amputation, double amputation, plexus brachiale). Depuis, cette communauté grandissante organise deux types de rendez-vous: Elle se réunit un samedi après-midi par mois, à Tokyo autour d’un verre dans une ambiance familiale, et tous les mercredis soir autour des ordinateurs dans une ambiance maker !

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C’est également en 2013 que trois jeunes ingénieurs, issus de l’université de Tokyo,
se lancent dans un projet fou. Sur leur temps libre, ils se réunissent afin de concevoir de A à Z une main robotique imprimée en 3D. Une main, nommée Handiii, qui fera parler d’elle dans les journaux. Fort de leur succès, le trio crée alors l’entreprise Exiii, ayant pour objectif de proposer des prothèses de main accessibles.

Exiii
Genta, Tetsuto et Hiroshi

C’est par la télévision que Natsuko apprend leur existence. Elle prend contact et leur parle du Google Impact Challenge, un concours qui récompense des initiatives à but non lucratif autour de l’accessibilité numérique. En décembre de cette même année, ils montent ensemble le dossier pour le concours. Bien que perdant en finale, Mission Arm Japan repart avec des fonds qui permettront par la suite de financer la fameuse entreprise Exiii. Quelques mois plus tard, Exiii propose en open source les plans d’une main : Hackberry.

Malheureusement, les temps deviennent difficiles pour Exiii. Il est en effet ardu de vendre des prothèses de main dans un pays où les amputés ne sont pas légion. De plus, certaines prothèses myoéléctrique sont remboursées au Japon (Ottobock : DMC et Sensor Speed, Touch Bionics : I-Limb). Mais ce système n’est pas parfait : le remboursement ne s’effectue qu’en cas d’accident du travail et les mains sont bien trop grandes pour les femmes (I-Limb). Exiii a donc rencontré un succès médiatique, mais pas commercial. Si la question de l’accessibilité des prothèses n’est pas résolue, Exiii contribue à l’évolution de la perception du handicap dans le monde, permettant à des amputés de reprendre confiance en eux, de développer des compétences techniques et d’avoir l’espoir qu’un jour les prothèses seront pour tous.

Aujourd’hui, ces trois ingénieurs font maintenant cavalier seul. Si le trio n’est plus, ils
étaient probablement loin d’imaginer leur impact. C’est en 2013 que je les ai découverts sur le net et c’est six années plus tard, en juin 2019 que j’ai enfin pu les rencontrer lors d’un séjour à Tokyo. Ce voyage au Japon entre dans le cadre d’un débat-conférence sur l’homme réparé et je tiens à remercier Sandrine Maximilien, attachée à l’ambassade de Tokyo qui m’ a invité à y participer.

Revenons-en aux trois comparses d’Exiii :

  • Tetsuya a créé Exiii design, je n’ai pas eu l’occasion de le rencontrer.
  • Hiroshi continue l’aventure Exiii Inc. Il s’est lancé dans la fabrication de
    manettes de jeu à retour sensitif pour réalité virtuelle. J’ai pu tester Exos,
    une orthèse qui permet de ressentir les vibrations quand on utilise une
    perceuse ou une arme en réalité virtuelle.
Hiroshi Yamaura
  • Genta a pris la voie de l’indépendance. Il enseigne dans une université, conseille et possède son propre lab de 4m2 dans DMM Akiba, un coworking maker space. C’est là bas qu’il anime, chaque mercredi, la communauté des bénévoles makers de Mission Arm Japan. Si vous commandez une main Hackberry à assembler, il préparera le kit lui-même.

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C’est au DMM.Make.Akiba que nous nous retrouvons le mercredi 19 juin 2019 à 13H. C’est à cette occasion que j’apprends tout ce que tu viens de lire.

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Coup du sort, une équipe de caméramans passe par hasard lors de cette discussion et nous interpelle : « ça ne vous dérange pas que l’on vous filme pour notre reportage sur le DMM.Make.AKIBA? »

Genta leur a expliqué (en Japonais)

Et quelques semaines plus tard, le reportage est passé à la télévision:

À 18H, c’est l’arrivée des bénévoles pour le rendez-vous hebdomadaire de Mission Arm Japan. Certains font des mains en Lego, d’autres s’occupent de la documentation, un autre réalise une prothèse artistique ou un support de bouteille pour un agénésique.

D’une manière similaire à MHK (My Human Kit), MAJ (Mission Arm Japan) organise un projet autour d’un porteur utilisateur (que l’on appelle Moniteur User) et d’un responsable projet (Project Director), mais je tiens à préciser que MHK insiste peut-être plus quant à l’implication du porteur utilisateur dans le projet 🙂

Après une belle journée, nous avons célébré notre rencontre dans un très bon restaurant

Et voici le résumé de la journée en une minute:

 

Conclusion:

La France utilise du 230 V, le Japon 110 mais nous sommes sur la même longueur d’ondes et nous sommes proche malgré les 9937 km qui nous sépare !

A suivre ….

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